LE GRAND RESET ET BLACKROCK : IN FINK WE TRUST

BlackRock et grand reset

Depuis Mars 2020 et les débuts de la crise du Coronavirus, le premier gérant d’actifs au monde s’est vu confier pour le compte de la Réserve fédérale, plusieurs programmes d’achats d’actifs, notamment sur les obligations d’entreprises.

Cette décision surprenante a conduit un journal comme Bloomberg, que l’on ne peut pas aisément qualifier d’hostile au monde de la finance, a ironisé sur le fait que BlackRock est désormais la quatrième branche du gouvernement américain.

Mais alors quel élément permet à ce média appartenant au richissime homme d’affaires et candidat malheureux à la primaire démocrate Michael Bloomberg, de s’aventurer à soulever l’omnipotence de BlackRock ?

On le sait, BlackRock a déjà secondé la Réserve fédérale lors de la crise de 2008, et plus récemment la Banque Centrale Européenne. Depuis la pandémie mondiale qui s’est abattue sur le monde, il semble bien que le poids de la firme dirigée par Larry Fink dans l’économie mondiale est encore devenu plus important.

En effet, n’en déplaise aux Qanonistes (supporters fervents de Trump), Donald Junior Trump n’a pas du tout nationalisé la Réserve fédérale. Au contraire, il a été contraint de placer l’ensemble de l’État fédéral américain et son économie, dans les mains du Tout-Puissant gestionnaire d’actif.

Même si dans ce monde du socialisme corporatif anglo-saxon, il est parfois difficile de distinguer les frontières et les mouvements entre intérêts publics/privés, il semble bien que la firme du « Rocher Noir » ait pris en main (au moins d’un point de vue stratégique) l’avenir économique des États-Unis d’Amérique.

Ainsi par l’intermédiaire de la Réserve fédérale et son programme de rachat massif d’actifs englobant même des obligations d’entreprises les plus spéculatives, BlackRock mène cette mission inédite de sauvetage du système financier américain.

Rappelons brièvement le contexte : il y a quelques mois les marchés financiers étaient au bord du gouffre, car ils étaient déjà confrontés à la dégradation de l’état de l’économie réelle. Est venue s’ajouter à cela, la pandémie de coronavirus qui promettait au Monde, une contraction de la production à l’échelle planétaire. Ce qui est arrivé.

Wall Street (et les autres grandes places financières) avait flanché de manière spectaculaire à plusieurs reprises, mais les promesses et les programmes massifs d’injection de liquidité avaient permis à l’économie de tenir bon an mal an.

Néanmoins malgré ces politiques de quantitave easing illimité, à la fin du printemps (le 11 juin), le NYSE, autrement dit la Bourse de New York, a enregistré sa pire séance depuis mars (– 6,9 %) entraînant toutes les Bourses de la planète dans son sillage.

La Réserve fédérale sous tutelle de BlackRock

Ainsi, juste avant l’été, la banque centrale dirigée par Jérôme Powell, s’est tout de suite occupée de rassurer les marchés. Et dès le 16 juin, elle a annoncé et programmé un rachat massif des titres de dettes d’entreprises.

Soyons clair, ce que nous vivons actuellement n’a jamais été expérimenté dans l’histoire du Capitalisme. L’époque du Maccarthisme et de la libre économie de marché aux États-Unis semble bel et bien révolue. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, nous sommes devant une voire des banques centrales qui dirigent absolument toute l’économie. C’est-à-dire que les grandes institutions monétaires (Fed, Bank of England, Bank of Japan) sont prêtes à tout faire pour sauver temporairement ce système d’argent-dette mondiale, qui va pourtant entrainer la pire destruction de richesses de l’histoire.

C’est désormais explicite, l’establishment financier transnational ne vise qu’à gagner du temps. Son objectif principal est de nous préparer un nouveau système, ce fameux « Monde d’après » qui va être imposé aux nations, après la plus grande vague de destruction et spoliation de l’histoire. Le forum de Davos et la nouvelle directrice du FMI, Kristalina Georgieva, ont déjà communiqué, au début du mois de juin, sur ce thème du « Grand Reset ».

Au cours du mois dernier, Powell a donc lancé son programme de 250 milliards de dollars de rachat, mais celui-ci ne s’est pas contenté de racheter les titres les plus solides. Au contraire il a permis à des « obligations pourries », de rentrer dans les réserves de l’institution pensée sur Jekyll Island.

Ainsi, par cette politique irréaliste et laxiste, le successeur de Janet Yellen a provoqué l’euphorie de toutes les places financières internationales en démontrant que la Réserve fédérale n’avait plus de digue morale. La FED a donné le signal qu’elle ne prendrait aucune des précautions attendues et se lancerait au contraire dans des « rachats très diversifiés »… Léger euphémisme technique pour résumer la politique folle de rachat quasi intégral de l’économie US, par l’institution qui siège au 20th Street and Constitution Avenue, à Washington DC.

Dollar américain et Fed

BlackRock, grand gagnant de la pandémie

Pour mettre en œuvre ce programme, la Réserve fédérale a donc sous-traité cette mission importante au fonds d’investissement BlackRock.

Si cette société est très connue en France depuis la fin de l’année 2019 et le début de l’année 2020 pour avoir en vendu des conseils (ou donné des consignes) au gouvernement français dans le cadre de la réforme visant à libéraliser le système des retraites, ce sont surtout les succès de ses produits dits « indiciels », abondamment diffusés sur toute la planète financière, qui avaient mobilisé l’attention jusqu’alors.

En effet, BlackRock est avant tout le symbole de la financiarisation globalisée. La firme de Wall Street, historiquement filiale de BlackStone de Schwarzman, est le « must » en ce qui concerne la fabrication de produits financiers ultra rentables. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que BlackRock (à l’inverse de la plupart des entités économiques dans le monde) connaît une très bonne santé financière malgré la pandémie. Comme Amazon ou encore Google, la firme dirigée par Fink a clairement profité de cette crise sanito-financière.

Le plus grand gestionnaire d’actifs du monde a donc été sollicité par la Réserve fédérale pour superviser trois vastes programmes d’achat de dette publique destinés à éviter une catastrophe économique d’ampleur mondiale.
Pour cette « mission d’intérêt général », la firme de Wall Street devrait gagner 48 millions de dollars par an, comme cela a été communiqué. Ce qui, dans le monde de la finance et étant donné la nature de la tâche qui lui est confiée, est pour le moins ridicule…

Mais en réalité, BlackRock va gagner bien plus, évidemment sur le plan financier, mais surtout sur les aspects de l’influence et du pouvoir.

Concrètement, nous pouvons avancer un tel argument à cause des fonds négociés en bourse (ETF) que la Réserve fédérale a achetés jusqu’à présent via cet arrangement. Environ la moitié a appartenu à BlackRock, bien que la société crédite généreusement tout revenu gagné lors de ces achats à la banque centrale…

BlackRock et la politique américaine

En réalité, ce conflit d’intérêt flagrant n’est qu’une étape, une fusion encore plus profonde de BlackRock et de l’État, pourrait être l’objectif final de la firme.

Aujourd’hui, il est certain que Wall Street et BlackRock souhaite une victoire démocrate. Car même si Trump est très loin d’être un véritable combattant du « Deep State » (qu’il ne nomme jamais réellement), il est néanmoins clairement un frein à la réalisation du projet global porté (entre autres) par Wall Street.

Trump reste un milliardaire américain de l’immobilier, ses intérêts propres (qui ne sont pas transnationaux et pas totalement immatériels : hôtels…) ne sont donc pas par essence en accord avec la tendance majoritaire de Wall Street.

Signes significatifs, le 45ème président des États-Unis depuis qu’il a fait son entrée à la maison blanche, a placé presque exclusivement des membres de sa famille aux postes (de l’ombre) importants. Le côté ingérable de Trump pour l’establishment politico-financier apatride et sa méfiance envers le personnel politique américain classique va quand même dans le sens des Qanonistes.

Néanmoins, comme nous l’avons indiqué, Trump n’est pas un opposant à BlackRock, d’ailleurs comme tous les bons financiers, Fink et BlackRock ne misent évidemment pas sur un seul cheval. Surtout quand ce cheval se nomme Biden et qu’il est complètement gâteux.

Fink sait très bien qu’avec le rapport de force actuel, il a des possibilités concrètes de contraindre Trump sur de nombreux sujets. En tout cas, jusqu’à sa future potentielle réélection, c’est bien BlackRock qui domine Trump et pas l’inverse.

Trump sait, lui aussi, que si la situation économique US est cataclysmique au moment de l’élection de novembre, il n’aura plus aucune chance de l’emporter. Sans parler du contexte de déclenchement d’une guerre civile raciale et des tensions entre États et État fédéral qui peuvent être activées à tout moment.

C’est pourquoi les responsables de l’administration Trump ont essentiellement proposé l’approche de BlackRock en matière de surveillance financière. Les règles régissant BlackRock sont devenues encore plus laxistes depuis le début de la pandémie.

Jusqu’à récemment, PNC Bank (banque américaine) détenait une part de 22% dans BlackRock, ce qui soumettait ce dernier à une surveillance similaire aux banques, mais depuis que PNC a vendu ces actions fin mai, ces règles ne s’appliquent plus. BlackRock jouit donc d’une encore plus grande liberté.

L’activité déjà opaque de BlackRock est encore un peu plus rentrée dans l’ombre. Récemment, il y a quelques semaines, les représentants (parlementaires) Katie Porter et Jesús Chuy García (démocrates tous les deux) ont quand même présenté un projet de loi tentant de freiner BlackRock et d’autres banques dans leurs activités. Mais ce projet de loi n’a pas du tout pris, au milieu du Covid-19 et des tensions continues pour la justice raciale porté par le mouvement BlackLivesMatter.

Malgré la tentative de ses représentants du peuple, vous vous en doutez comme la plupart des grandes entreprises, BlackRock s’assure d’avoir un large soutien politique. Le fonds donne généreusement aux deux principaux partis politiques, et malgré son soutien à Biden, Fink a conseillé l’administration Trump sur tout, de la privatisation des infrastructures aux conseils sur la crise du coronavirus.

Comme il y a dix ans avec d’autres entités financières privées, l’entreprise est devenue une sorte de refuge pour les anciens membres du personnel de l’administration Obama, prêts à nourrir les futures administrations avec des talents qui n’ont pas été entachés par des séjours dans des entreprises plus honnies comme Goldman Sachs (la pieuvre maudite des années post crise des subprimes) ou encore JPMorgan and Chase.

Il est dit que le PDG, Fink lui-même, chercherait peut-être un poste dans une future administration Biden. « Nous soupçonnons », a noté le comité de rédaction du Wall Street Journal le mois dernier, « que son objectif principal est d’être le secrétaire au Trésor de Joe Biden. »

Brian Deese, un autre cadre de BlackRock et ancien conseiller principal de Barack Obama, aurait également été en lice pour un poste. Fausses pistes ou informations tangibles, reste que BlackRock est déjà en position dominante.
Pour finir d’illustrer ce phénomène, le travail du groupe sur le climat et l’énergie est dirigé par Trevor Houser du cabinet de recherche Rhodium Group. Il a notamment joué un rôle dans l’administration Obama en tant que principal conseiller d’Hillary Clinton sur le climat et l’énergie.

Il est donc également à noter que le fascisme-vert (écologique et pas islamique, n’en déplaise à Eric Zemmour) aura encore pour sponsor les grandes firmes de Wall Street, dont BlackRock. Décidément, que serait l’écologie politique sans le capitalisme financier ?

On peut d’ores et déjà l’affirmer : quel que soit le résultat des élections de novembre, BlackRock sortira vainqueur ! Sur le plan médiatique, la société, qui gère près de 7 000 milliards de dollars d’actifs, se présente depuis plusieurs mois, comme le « good guy / bon garçon » de Wall Street, et ses dirigeants comme une équipe de gestionnaires de fonds aux manières douces qui comprennent les risques de la crise climatique et l’importance de la diversité (si chers aux médias dominants)…

Le seul résultat certain, c’est qu’en laissant BlackRock écrire les règles d’une nouvelle économie verte (Green New Deal), la firme continuera à générer d’importants bénéfices, à travers toute la planète avec pour prétexte des investissements durables… 

Évidemment dans la réalité, tout cela n’est que du vent. BlackRock a surtout une grande politique d’investissements dans les énergies fossiles et dans la déforestation dans plusieurs pays du monde, puisque malgré les slogans verts, c’est cela qui génère encore le plus de profits. L’écologie ne servant que de paravent à la prédation toujours plus grande du Capitalisme financier apatride, tout en taxant les classes les plus pauvres des pays, en les culpabilisants et en faisant d’eux des pollueurs.

D’ailleurs, les activités de lobbying pour influencer Washington sont florissantes, notamment à travers les dons de campagne, qui permettent à BlackRock d’acheter à la fois les démocrates et les républicains, évitant ainsi les risques de contrôle réglementaire auquel une entreprise de sa taille devrait normalement être soumise…

Et à mesure que BlackRock amasse encore plus de puissance et de richesses, son influence dans la capitale américaine et dans l’économie mondiale est si énorme, qu’il devient désormais difficile d’envisager une manière d’amenuir son pouvoir.

BlackRock et les ETF

BlackRock se comporte d’ailleurs de plus en plus, comme une énorme banque fantôme. Et alors que la Réserve fédérale a commencé ses achats historiques de fonds d’échange d’obligations de sociétés, près de la moitié des achats de la Fed sont allés dans des fonds BlackRock. Cette analyse est celle de ETFGI, une société de recherche et de conseil sur les ETF.

Techniquement, la Réserve fédérale n’est pas la première banque centrale à acheter des ETF dans le cadre d’un plan de relance, mais elle achète à la fois des ETF et des obligations de sociétés pour la première fois en 107 ans d’existence. C’est un phénomène qui est tout de même à souligner…

Un ETF est un Exchange Traded Funds (aussi désignés trackers ou Fonds Négocié en Bourse – FNB – en français). Ce sont des instruments financiers destinés à répliquer fidèlement les variations d’un indice, à la hausse comme à la baisse. Plus précisément, c’est un fonds d’investissement qui détient un large éventail de placements : actions, obligations, biens immobiliers, etc. qui sont sélectionnés et gérés par un gestionnaire de fonds. 

Évidemment, la Banque du Japon, leader en matière d’innovation monétaire et financière, achète des FNB d’actions depuis 2012 dans le cadre de ses politiques d’assouplissement quantitatif.  

Ainsi, entre le 12 et le 19 mai, la banque centrale américaine a acheté pour 1,58 milliard de dollars de FNB de qualité et à haut rendement d’une valeur marchande actuelle de 1,31 milliard de dollars. Six étaient des FNB à rendement élevé et 11 étaient de qualité supérieure. Quelque 83% de l’achat a été investi dans des ETF de première qualité ; le reste en ETF à haut rendement.

Dans l’ordre, les cinq achats les plus importants de la Réserve fédérale ont été les ETF iShares iBoxx $ Investment Grade Corporate Bond ETF, Vanguard Intermediate-Term Corporate Bond Index Fund ETF Actions (VCIT), Vanguard Short-Term Corporate Bond Index Fund ETF Shares (VCSH), iShares iBoxx $ High Yield Corporate Bond ETF (HYG) et SPDR (JNK).

Ces détails techniques ont leur importance car cette optique des achats par la Réserve fédérale des FNB iShares est controversée, étant donné que BlackRock gère les trois programmes d’achat de dette de la Réserve fédérale…

Pour rappel, la firme « du Rocher Noir » est le plus gros détenteur mondial de fonds indiciels cotés (ETF). Ces produits ont été élaborés par Black Rock, ils ont comme principale caractéristique d’être indexés sur l’évolution des cours des différentes places boursières. Ces ETF sont de purs produits de spéculation et ils ont pris depuis plusieurs mois une dimension massive.

Leur encours mondial avoisinant aujourd’hui quelque 5 000 milliards de dollars, dont l’épargne placée par les fonds de pension géants des États-Unis ou du Royaume-Uni. Il faut donc comprendre qu’un effondrement des Bourses et donc de leurs indices ferait courir un risque à l’ensemble du système financier mondial.

Avec BlackRock aux commandes et ses produits très spéculatifs, nous sommes face à un schéma qui ressemble étrangement aux emprunts subprimes titrisés, que les grandes banques notamment Lehman Brothers, en 2008 avaient dans leurs réserves. Sauf que cette fois-ci nous parlons des réserves de la banque centrale américaine, et nous sommes dans une situation financière mondiale, bien plus catastrophique qu’il y a douze ans. Et l’ampleur de ce phénomène est plus grand et se rajoute à d’autres problèmes qui existaient en 2008 et qui existent toujours sans qu’aucune solution de fond, n’ait été apportée…

Néanmoins pour éviter un effondrement brutal du système financier post pandémie, il n’y aurait donc pas d’autre solution, expliquent la Réserve fédérale de Powell et ses financiers « conseilleurs ». Il serait donc impératif de perfuser encore et toujours plus, les Bourses et singulièrement ces titres ETF indexés sur leurs indices… On comprend désormais pourquoi les Bourses flambent, alors même que les économies réelles ne sont toujours pas reparties. Nos dirigeants ont choisi le parti de la finance et de l’usure contre l’économie réelle et le monde du travail.

Aux États-Unis, le fonds d’investissement géant a été placé par l’État fédéral et sa banque centrale en position hégémonique. À la fois juge et partie, BlackRock va pouvoir désormais faire revaloriser ses actifs les plus menacés en les faisant racheter massivement par la réserve fédérale. Bien sûr, la firme de Fink a indiqué qu’elle ne prendrait « aucune commission » (encore heureux) sur ces opérations, mais elle sera déjà largement gagnante… Ainsi, on le constate BlackRock est Tout-Puissant outre-Atlantique, mais qu’en est-il de l’influence du « Rocher Noir » en Europe ? 

BlackRock, Macron et Elysée

BlackRock en Europe

L’influence de BlackRock ne s’arrête évidemment pas aux États-Unis. La firme de Larry Fink est en ce moment, mise dans la lumière notamment pour son rôle de conseiller officiel de la Commission européenne notamment sur les normes de l’UE en matière d’investissement durable, après néanmoins avoir plaidé pour leur affaiblissement…

Au passage l’Union européenne, comme à son habitude, a également choisi BlackRock qui est rappelons-le, l’un des actionnaires les plus importants au sein des grandes banques mondiales, pour la conseiller sur la régulation du secteur bancaire.

En effet, depuis le 8 avril 2020, la Commission européenne présidée par l’Allemande Ursula Van Der Leyen a choisi l’entité de Wall Street, pour réaliser un rapport sur les bonnes pratiques en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans ce secteur.

Ce rapport devrait être utilisé « pour élaborer de nouvelles régulations pour ces entreprises, souvent pointées du doigt pour leur soutien indéfectible aux activités polluantes, et notamment à l’exploitation des énergies fossiles. »

Évidemment le choix de BlackRock pourrait paraitre simplement ridicule et scandaleux si nous n’étions pas dans un contexte de pré-dépression. À l’heure actuelle, il est simplement criminel. Car BlackRock possède des parts dans la majorité des banques mondiales, ce qui nous permet de conclure soit à la médiocrité totale des dirigeants européens soit à leur corruptibilité avérée. Dans les deux cas leur pouvoir doit être annihilé.

D’ailleurs, pour définir l’influence grandissante de la firme de Wall Street, un expert des lobbys Benoît Lallemand, secrétaire général de FinanceWatch, a déclaré « Peut-être que la commission pense : […] « Si nous donnons ce mandat à BlackRock, nous obtiendrons la vue du marché, car BlackRock est fondamentalement le marché maintenant » […] « C’est ainsi qu’ils construisent leur influence: que cela vous plaise ou non, leur opinion est utile. » Idiotie ou corruption de la Commission, le résultat sera le même…

 

La Commission tout en compromission

Ainsi, on le constate, l’influence de BlackRock depuis quelques mois est également en train de grandir sur le vieux continent. Si bien que la médiatrice de l’Union européenne Emily O’Reilly, a même décidé, lundi 6 juillet, d’ouvrir une enquête sur un des contrats conclus par la Commission européenne avec la société américaine.

Cette action fait suite à une plainte de députés européens s’inquiétant que ce fonds surpuissant, qui est notamment, actionnaire ou auteur de missions d’audit pour des banques, se voit confier une mission portant précisément sur la surveillance bancaire. Et plus précisément sur l’incorporation dans celle-ci de « facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance ».

Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission, chargé de la stabilité financière, a répondu au mois de juin à cette interpellation cosignée par 84 eurodéputés. Mais sa réponse a été pour le moins surprenante (dans la droite ligne de ce qu’expliquaient les hauts fonctionnaires européens de Mario Draghi, à Jean-Claude Trichet, en passant par José Manuel Baroso. Toujours avec ce même dédain et cette mine de ne pas voir le problème). Ces hauts fonctionnaires corrompus et incapables balayent toujours les arguments de possible conflit d’intérêts explicite, pourtant légitimes.

Ainsi, pour le commissaire Dombrovskis (ex-membre de la Banque centrale de Lettonie et ancien étudiant de l’université du Maryland), le contrat a, selon lui, été établi en fonction du meilleur rapport qualité-prix. Et le responsable letton a indiqué que rien ne permettait de remettre en question la capacité de BlackRock à « fournir le service proposé ». La Commission, poursuivait-il, n’a donc « aucune raison valable » d’annuler la procédure d’adjudication, mais « restera vigilante ».

« Ce n’est pas suffisant, cela ne lève pas les inquiétudes quant au flagrant conflit d’intérêts », souligne l’eurodéputé Damien Carême, du groupe des Verts. Pour lui, il est impensable qu’il y ait une « ségrégation physique » entre les services d’étude de BlackRock et ceux chargés de ses investissements, comme le promettait la Commission.

Mais ce n’est pas tout, un collectif de journalistes Investigate Europe en a rajouté une couche en soulignant que M. Dombrovskis, (bras droit de la présidente de la commission Van der Leyen) est à l’origine d’un produit paneuropéen de retraite individuelle, une nouvelle catégorie d’épargne-retraite pour des salariés du public et du privé, et avait confié à l’entreprise américaine la gestion de l’épargne des participants impliqués dans une phase de test.

Conclusion

Nous pouvons donc en conclure que la Commission européenne est comme le gouvernement américain sous l’influence d’une multitude de lobbys et firmes, mais BlackRock par sa puissance, y tient une place de choix. Et ce n’est pas notre exemple français avec l’exécutif Macronien et l’épisode de la réforme des retraites qui va nous prouver le contraire…

Ainsi, les Trump, Macron, Van der Leyen, et cie, à la veille d’affronter la plus grave crise financière de notre histoire, subissent le même phénomène : l’étreinte froide et douce d’une nouvelle sombre pieuvre financière. Quant à nous les peuples occidentaux, nous n’avons plus qu’à espérer que la chute programmée du rocher, ne nous écrase pas totalement…

Marc-Gabriel Draghi

Gilets jaunes, complot et marchand du temple

 

 

 

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3 réponses

  1. Le seul article de fond sur l’action coordonnée de Black Rock et de la Fed depuis le début de la pandémie.
    On aurait aimé en lire encore davantage.
    Toujours intéressantes vos analyses !
    Merci.

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